Comme promis, voici le 2ème volet de la présentation des livres Maximax de l'école des loisirs de l'année 2017-2018. Pour lire mon 1er billet sur le sujet, il faut cliquer ici
Je vais vous parler aujourd'hui du 3ème et du 4ème livre reçu. Il s'agit respectivement de : Béatrice l'intrépide et de : Le Club de la Pluie contre Satin-Noir.
Béatrice l'intrépide
Auteur : Matthieu Sylvander
Illustrateur : Perceval Barrier
Genre : Humour - Aventure
Type : Roman
Année de parution : 2016

L'histoire :
"Je me présente : Béatrice l'intrépide, aventures en tout genre, héroïsme, redressement de torts, secours aux victimes, défense de la veuve et de l'orphelin. J'affronte les brigands, je découpe les dragons en tranches, je délivre les princesses. Si vous avez besoin de mes services : criez ! L’œil et l'oreille toujours aux aguets, je saurai où vous trouver."
Extrait :
" - Comment donc, vous n'en avez pas eu connaissance ? La reine du pays que voici a décidé de marier son fils unique ! Depuis des semaines, les palais et les châteaux du monde entier ne bruissent que de cette nouvelle, voyons !
Béatrice l'Intrépide ne fréquente guère palais et châteaux, et elle est beaucoup trop occupée pour écouter les ragots. Cependant elle doit bien reconnaître que l'information est de qualité. Enfin, pour celles qui s'intéressent aux princes.
- A quoi ressemble-t-il ? questionne t-elle, l'air de rien.
La princesse s'approche de Béatrice et lui répond sur le ton de la confidence.
- Personne ne le sait, figurez-vous. On chuchote qu'il n'a pas quitté sa chambre depuis l'âge de huit ans !
- Il doit être atteint d'un mal mystérieux, devine Béatrice l'Intrépide, ou alors il vient d'avoir huit ans."
Mon (humble) avis :
J'ai beaucoup de sympathie pour ce petit roman drôle, féministe et déjanté au ton hyper-dynamique. Les hommes sont très peu représentés et n'ont pas le beau rôle, à l'instar du prince atteint d'un mal mystérieux (il est accro aux jeux vidéo !) que Béatrice viendra sauver (en coupant l’électricité !). Béatrice est une vraie héroïne pour un anti-conte dans lequel les traditionnels bandits sont des bandites, et le Diable s'appelle Jean-Claude. Amateurs(trices) de princes charmants et de princesses gnan-gnan, passez votre chemin ! Même mon fils a apprécié, et je peux vous dire que ça n'est pas un lecteur facile ! (l'euphémisme me fait ricaner sous cape.) Les illustrations par contre ne sont vraiment pas à mon goût, mais je dois reconnaître qu'elles vont bien avec le côté "brut de décoffrage" de Béatrice. Tous les personnages sont laids et la palette de couleurs n'en compte que deux. Bref, comme Béatrice, c'est sans chichi. (A répéter 10 fois de suite pour un exercice d'élocution.)
Le Club de la Pluie contre Satin-Noir
Auteure : Malika Ferdjoukh
Illustratrice : Cati Baur
Genre : Policier - Aventure
Type : Roman
Année de parution : 2016

L'histoire :
" Au festival du livre de Saint-Malo, les larcins se succèdent. Le voleur laisse une carte signée Satin-Noir. Il y a 20 ans, c'était le pseudonyme de gentleman cambrioleur qu'avait pris l'invité d'honneur du salon, Jenny Austen, devenu aujourd'hui écrivain culte. Est-il de retour ? Seul le Club de la Pluie saura le dire."
Mon (humble) avis :
Je sais que ce livre a reçu d'excellentes critiques, et cette série en général, puisque Contre Satin-Noir est le 4ème opus du Club de la Pluie. J'ai apprécié ce livre, bien plus d'ailleurs que mon fils de 10 ans à qui il était pourtant destiné. Néanmoins, j'ai des critiques négatives à faire, surtout si l'on se réfère à la tranche d'âge donnée pour ce livre par l'école des loisirs qui est de 8 à 11 ans. J'ai trouvé le vocabulaire difficile, les phrases souvent très longues, et le style alourdi par des adjectifs qualificatifs à n'en plus finir et par des gimmicks un peu pénibles (l'expression "à vos souhaits" ou "à tes souhaits" qui est une blague sur la difficulté à prononcer un nom revient au moins 5 fois en 8 pages). Les héros sont des enfants qui sont censés avoir 11 ans en 2016 mais dont la façon de s'exprimer, les références littéraires, cinématographiques et musicales ne collent pas du tout avec la réalité (pardon hein, mais en même temps, l'auteure ne lira jamais ces lignes donc bon, autant être honnête).
Page 13, Nadget, une fille de la bande, décroche son portable dont la sonnerie est le refrain de "Chantons sous la pluie". Non, ce n'est pas une reprise de Maître Gims, il s'agit bien de la chanson issue du film du même nom, sorti en 1952...(que les enfants dans la salle qui connaissent lèvent la main...). Cette même Nadget cite George Sand la page suivante...décidément, cette gamine est d'une érudition étonnante !
Page 35, l'un des enfants, Ambroise, fait référence à Arsène Lupin, héros d'une série de livres publiée dans la collection Bibliothèque Verte, que ma mère lisait lorsqu'elle était enfant. Sans vouloir faire offense à ma mère, ça n'est pas juste tout nouveau-tout chaud.
Et des références de ce genre, il y en a des tas.
Il se trouve qu'en me renseignant un brin, je découvre que l'auteure a l'âge de ma mère, à 2 ans près. Soudain tout s'éclaire.
Extrait 1 :
" - Jamais Nadget avait avoué à Rose qu'elle s'était endormie quatre fois au milieu du fatal combat des Kyytwugg du Haut-Royaume de Chtoj contre les Omgarr de l'Empire Sous-les-Gloo. Elle se borna à soupirer un sibyllin (mais économique) pfffiiou ! qui vit voler ses frisettes sur son front et eut le mérite de passer sous silence qu'elle avait abandonné tout ce petit monde en train de se décapiter à la hache au milieu du tome 2."
Qu'on ne vienne pas me dire que je n'ai rien compris, que ces noms imprononçables sont une référence aux sagas épiques telles que Le seigneur des Anneaux. J'ai très bien compris, merci. Par contre, mon fils, lui, n'a nullement saisi l'astuce (pourtant il n'en manque point). Il a juste péniblement buté sur chaque mot et en a été fort saoulé.
Extrait 2 :
" - Espèce de flatteuse saumâtre ! riposta tout aussi tranquillement Nadget. Le plus sidérant, c'est qu'il a fallu l'extinction des ptérodactyles et des brontosaures, vingt siècles de guerres et de tremblements de terre pour que tu existes et me traites de flemmarde molle en ce beau matin de juin dans le vénérable dortoir de notre auguste pensionnat."
Qu'on ne vienne pas non plus m'accuser de jeunisme, ni de prôner un nivellement par le bas. Évidemment, la littérature jeunesse doit utiliser un langage correct, et si elle peut en profiter pour faire apprendre quelques mots nouveaux à nos chères têtes blondes (et brunes aussi d'ailleurs), c'est tant mieux. Mais entre un vocabulaire trop soutenu, des mots en anglais ici et là, des noms imprononçables, des expressions désuètes et des références hors d'âge, on a définitivement perdu notre jeune lecteur (en l'occurrence, mon fils, oui encore lui, il est le seul échantillon d'enfant de 10 ans dont je dispose) à la page 37. Avec ce commentaire sans appel et bien dans son époque, lui : " j'en ai marre, je comprends rien".
Pour finir, je décide d'offrir le bouquin à ma mère, ça lui rappellera des souvenirs de jeunesse, elle va adorer.
Voilà pour le négatif. Un peu difficile de rebondir après ça...mais j'ai quand-même bien aimé ce livre (si, si), je n'ai juste pas compris à qui il s'adressait. L'ambiance est très sympa, quelque part entre Harry Potter, le Club des Cinq, Scoubidou et Fantômas.
J'ai beaucoup aimé les illustrations. Régulièrement, un petit résumé des chapitres précédents nous est proposé sous forme d'une illustration à l'encre noire et au côté rétro, tout comme la typographie qui se décline dans diverses polices de caractère mais toujours a l'effet manuscrit. L'écrit a une grande place dans les illustrations, on peut même dire que l'écrit fait partie intégrante de l'illustration, dans des bulles de BD aux graphismes variés. Le tout donne un effet de coupures de journaux annotées à la main, très réussi.
Bonnes lectures, et à la prochaine !