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2018-02-22T10:05:37+01:00

Longue marche

Publié par Catherine et compagnie
Longue marche

Titre : Longue marche

Auteur : Bernard Ollivier

Editions : Libretto

Genre : récit de voyage

Année de parution du tome 1: 2000

Trilogie :

I. Traverser l'Anatolie

II. Vers Samarcande

III. Le Vent des steppes

En 1998, quelques jours après avoir pris sa retraite, Bernard Ollivier, journaliste, décide de partir. A pied. De Paris à Compostelle. Cette première marche, véritable voyage initiatique, le transforme en profondeur et il revient avec deux grands projets en tête :

Le premier, créer une association pour permettre à des jeunes en grande difficulté de se reconstruire par la marche. Cette association s'appelle "Seuil" et voit le jour en 2000. Bernard Ollivier a d'ailleurs écrit sur le sujet "Marche et invente ta vie" dans lequel il dresse un premier bilan de cette aventure humaine. Vous trouverez un article de Nicolas Santucci sur le sujet, paru dans Libération le 11 février 2015 ici

Le deuxième, continuer à marcher, pour lui. Et c'est ainsi que ce monsieur, entre mai 1999 et juillet 2002, a suivi la route de la Soie, cette route mythique qui le fait tant rêver, d'Istanbul à la Chine. Amoureux des poètes persans tel qu'Omar Khayyam, on pense forcément à Amin Maalouf et en particulier à son fabuleux "Samarcande".

Il ne s'agit nullement d'un exploit sportif, bien qu'il en soit un, mais d'une quête. Bernard Ollivier s'est dit que c'était possible. Il a eu assez confiance en l'être humain pour imaginer qu'il était possible de s'en remettre quotidiennement à l'autre. C'est aussi beau que fou, mais ce qui l'est encore plus, c'est qu'il avait raison.

Sans idéalisme non plus car il savait son voyage dangereux et il a eu l'occasion de se le prouver plus d'une fois. Certaines zones ont été traversées la peur au ventre. La déception a été quelquefois au tournant, car la route de la Soie est aujourd'hui surtout celle des camions, et les caravansérails, symboles de la grandeur d'une époque révolue, ont quasiment tous disparus faute d'entretien.

L'auteur nous dépeint un tableau de l'Orient contrasté où la modernité à l'Occidentale côtoie les rigidités d'une société conservatrice et le repliement religieux.

Entre galères et mauvaises rencontres, Bernard (oui, après tout ce qu'on a traversé ensemble, je l'appelle Bernard, si vous permettez...) nous entraîne dans un road movie à pied dans lequel tout à coup, au détour d'un chemin, surgi un être singulier, qui deviendra un ami d'un jour, d'une heure, mais qu'on n'oubliera jamais. Dans lequel tout-à-coup, au terme d'une ascension qui n'en finissait plus, apparaît face à nous un panorama à couper le souffle.

Dans ce long récit, il y a la relation à l'autre bien sur , accepter de le rencontrer vraiment, mais il est aussi (et j'allais dire surtout) question d'introspection. Nous cheminons à ses côtés au fil de ses quelques 1049 pages (que constituent la trilogie), on s’émerveille avec ses yeux de la beauté du monde, on constate qu'il y a décidément des cons partout, mais des gens bien aussi, on rit, et on referme le livre avec l'impression de quitter un ami avec qui on a beaucoup partagé et à qui on a envie de dire merci.

Extrait 1 :

" Et puis, dans ces vies, j'ai trop couru. Jamais le temps, comme les boutiquiers derrière moi dans le compartiment, qui s'affairent pour la nuit en papotant. Il fallait gagner sa place, travailler, étudier, mériter ses galons. Toujours poussé par des nécessités bouffonnes dans le flot de la foule, sans cesse aller, cavaler, vite, plus vite. La société tout entière accélère encore cette galopade insensée. Dans notre folie de bruit et d'urgence, qui trouve encore le temps de descendre de sa machine pour saluer l'étranger ? J'ai faim, dans cette troisième vie, de lenteurs et de silences. De m'arrêter pour un regard bordé de khôl, un mollet de femme qui se dévoile, une plaine brumeuse noyée de songes. pour manger un bout de pain et de fromage, le cul dans l'herbe, le nez au vent. Et quoi de plus adapté pour cela que la marche à pied ? Le plus vieux mode de déplacement du monde est aussi celui qui permet le contact. Le seul, à vrai dire. Assez de voir des civilisations en boîte et de la culture sous serre. Mon musée à moi, ce sont les chemins, les hommes qui les empruntent, les places de village, et une soupe, attablé avec des inconnus."

Extrait 2 :

" Ils sont des centaines, pare-chocs contre pare-chocs, sur deux files, dans les deux sens. Ces cohortes de camions, à n'en pas douter, préfigurent l'enfer. Leurs moteurs geignent, crachant une fumée épaisse, grasse et noire. A la descente, en seconde, les turbinent hurlent. Le couinement des freins et l'éternuement des circuits d'air comprimés qui se vident me vrillent les oreilles. Des volutes de gazole mal brûlé empoissent l'air et doivent aller vicier jusqu'à la mésosphère. Minuscule piéton parmi ces monstres d'acier éructants, assommé par un soleil de plomb, j'attaque la montée sous l'oeil réprobateur ou éberlué des chauffeurs. Je me sens petit, fragile, menacé."

Extrait 3 :

" A midi, pas le moindre restaurant en vue. j'interroge un pompiste qui me confirme que je ne trouverai rien avant une bonne quinzaine de kilomètres. Il n'a rien à vendre, ni jus de fruit, ni gâteaux secs. Je repars lorsqu'il m'interpelle : - ...mais j'ai mon déjeuner. Viens, on va partager."

 

Bonnes lectures, bon vent, et à la prochaine !

 

 

 

 

 

 

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